L'histoire du circuit

Robert Castagnon

Robert CastagnonEn 1952, Robert Castagnon, passionné d'automobile et fondu de vitesse, décide de créer l'Association Sportive de l'Armagnac. Il mettra alors en place de multiples courses et rallyes en Armagnac : épreuve de contre la montre sur route ouverte (à l'image des Milles Miles italiens, impensable de nos jours) ou encore le rallye de l'Armagnac, remporté par tous les grands noms du sport automobile de la décennie tels que Storez, Buchet, Oreiller, Gelé et Paul Armagnac. Ce dernier dépassera largement les frontières gasconnes pour obtenir le label international. Durant plus de 6 ans les voitures évolueront dans la ville du côté de la gare d'abord puis sur le haut du bourg.

L'organisation de telles courses sur le domaine public est source d'ennuis (sécurité, autorisations) et Robert Castagnon comprend rapidement la nécessité d'un circuit permanent. Il tente donc de s'attribuer une partie dégagée de l'aérodrome, alors sous la houlette de Jean Armagnac (père de Paul), pour y construire un circuit. Le maire de l'époque s'y oppose farouchement devant cet « audacieux » qui venait de franchir la ligne d'arrivée des Planques d'Albi sur le toit !

Robert Castagnon profitera d'une de ses absences pour convoquer les bulldozers et lance les travaux du circuit sur 1 752m en 1959. Il inscrit très rapidement une course pour le mois de septembre 1960… Le projet étant désormais une réalité, le maire devient un supporter fidèle, obtient quelques aides financières et offre les traverses de chemin de fer pour les toutes 1ères protections. Le premier Grand Prix aura finalement lieu le 3 octobre 1960. Ce jour là Basini sort vainqueur de la course et cette date marquera le début de l'histoire du premier circuit permanent de France.

Plus de 20 compétitions organisées

L'association s'élargit et devient l'ASA Armagnac Bigorre, représentée par Pierre Gelé, Léon Peyresaube et Claude Larrieu, parmis les plus beaux champions. Paul Armagnac et Robert Castagnon, nos deux anciens producteurs d'armagnac, développent de nouvelles courses. Au rallye de l'Armagnac succède la Coupe Internationale des Pyrénées, ils créent la course de côte de Bagnère de Bigorre, le slalom de Tarbes, le rallye des Gaves, la course de côte de Cauterets ou encore de St Lary Soulan. Ce sera plus de 20 compétitions organisées par l'association chaque année. Le sport automobile a le vent en poupe.

Malheureusement, Castagnon perd son coéquipier Paul Armagnac qui se tue aux essais des Coupes du Salon à Montléry en 1962 après dix ans de carrière en tant que pilote. C'est désormais seul qu'il doit faire face à ses diverses activités sportives et aux aléas de la gestion d'un circuit à l'époque. De nombreux accidents graves et décès, couplés aux défauts d'assurance sur les circuits de France sont montrés du doigt par la FFSA. Les sanctions tombent, et Castagnon écope de 4 ans de suspension après avoir contesté les décisions de la Fédération. Des travaux considérables sont réclamés à l'ASA incapable de payer… À la demande de Robert Castagnon, le circuit Paul Armagnac passe sous l'escarcelle du département du Gers qui remettra le circuit en conformité dès 1968, année des 1ères Coupes de Pâques remportées par Jean Pierre Jaussaud. Le succès est tel qu'ils n'ont pu contenir la foule, et que le lundi de Pâques personne ne paiera son entrée !

Castagnon ainsi suspendu par la FFSA, sera remplacé à la présidence de l'ASA par André Diviès dont le premier souci sera de rééquilibrer les finances du circuit. En 1971 le circuit de Nogaro devient définitivement la propriété du département du Gers. Les travaux d'allongement de la piste à 3120m sont effectués en 1972, on construit la tour de contrôle, les stands et le centre médical cette même année. Jean-Pierre Beltoise sera alors le dernier vainqueur sur le « petit circuit ». L'association s'élargit et compte désormais 300 licenciés !

Un lieu incontournable pour les pilotes

Nogaro est vite devenu un lieu incontournable pour les pilotes comme les spectateurs passionnés. Les compétitions prennent un nouveau visage, la notoriété de Nogaro grandit entre 1974 et 1978 grâce notamment aux Formule 2 et grands noms qui y sont associés comme Patrick Tambay et René Arnoux mais aussi avec l'arrivée de la moto en mai 1974. Alain Diviès obtiendra d'ailleurs le Grand Prix de France Moto en 1978. Les Coupe de Pâques deviennent un produit de référence du Sport Automobile (avec des vainqueurs de renommée tels que Jabouille, Jaussaud, Cudini ou encore Prost)… Il faudra donc sans cesse apporter des améliorations dans les aménagements du circuit (normes, gradins, éclairage, restaurant, sanitaires etc.).

Dans les années 80, le circuit Paul Armagnac a déjà subit de multiples travaux d'amélioration pour accueillir tout type de compétition. Les coupes de Pâques connaissent leur succès habituel. On organise le deuxième Grand Prix moto en 1982. En 1989, à la hauteur des ambition de l'ASA et sous le conseil de la FIA, le circuit est allongé à 3 636m puis élargi, de nouveaux stands sont construits pour pouvoir accueillir la Formule 3000 (l'anti-chambre de la F1) qui fera une étape remarquée sur le circuit de 1990 à 1993. Le paddock se développe et Nogaro accueille son premier Grand Prix Camion en 1994.

Entre temps, compte tenu des plus de 15MF de chiffres d'affaires de l'Association, et suite aux décisions de Roger Bambuck le ministre des Sports de l'époque ; il est décidé de créer une Société d'Économie Mixte (1991) dont la principale vocation sera de réinjecter les profits dans le circuit Paul Armagnac. La direction s'organise, les équipes se restructurent pour plus de performance, on met en place une véritable stratégie commerciale et on développe les activités de l'école de pilotage RENAULT qui apportera un complément financier non négligeable.

André Diviès laissera progressivement la place à sa fille Caroline Diviès en 2003 qui terminera de concrétiser les projets d'installations de son père sous son regard bienveillant. Les 10 000 m2 de stands, que l'ont dit aujourd'hui parmi les plus beaux d'Europe, verront le jour en 2007 après de difficiles travaux notamment dus à l'implantation même du circuit qui est posé sur les vestiges d'un ancien marécage.

Coupes de Pâques, Grand Prix Camions, Super Bike, Trophées Historiques, Grand Prix Auto sont l'essence même de l'activité du circuit et drainent toujours autant de passionnés. Si le Shell Eco Marathon tire soudainement sa révérence après plus de 20 ans de présence en 2008, les organisateurs se regroupent rapidement en association pour prendre la relève et lancer le Challenge Educ Eco en 2009. Les évènements du circuit attirent, il est géré d'une main de maître.

Le circuit Paul Armagnac de Nogaro a su, au fil des ans, s'adapter à l'évolution des différentes disciplines du sport mécanique pour rester une des aires de Jeu les plus exceptionnelles d'Europe, tout en étant chargé d'histoire. Alors… Que la fête commence !

 

Bibliographie

"Si Nogaro m'était conté" - André Diviès et Bernard Le Soulan - © Circuit Paul Armagnac, 2001
"Les grands prix GT NOGARO" - Bernard Le Soulan - © Editions Le Capucin, 2000

Crédits Photo

Bernard Le Soulan
Circuit Paul Armagnac
Corinne Armagnac / BLS
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